Gabriel Attal exhorte à une action décisive à Viry-Châtillon, dix jours après le tragique décès de Shemseddine, 15 ans

Gabriel Attal exhorte à une action décisive à Viry-Châtillon, dix jours après le tragique décès de Shemseddine, 15 ans

Pour marquer ses cent premiers jours à Matignon, le premier ministre, Gabriel Attal, était dans l’Essonne, jeudi 18 avril, pour dévoiler son « plan » visant à replacer « l’autorité au cœur de la République ». Depuis Viry-Châtillon – ville ébranlée récemment par la mort de Shemseddine, 15 ans, battu jusqu’à ce que mort s’ensuive près de son collège –, le chef du gouvernement a appelé à un « sursaut d’autorité » dans une « République qui contre-attaque ».

Parmi ses annonces, M. Attal a fait savoir que « tous les collégiens seront scolarisés tous les jours de la semaine, entre 8 heures et 18 heures, à commencer par les quartiers prioritaires et les réseaux d’éducation prioritaires ». Il est également revenu sur ces « dizaines de milliers de places en internat désespérément vides » en souhaitant qu’un jeune puisse être « envoyé en internat loin de son quartier et deux qui le poussent à plonger », « avant qu’il ne tombe vraiment dans la délinquance ».

Appelant à un retour « de la culture du civisme », citant le général de Gaulle durant son discours, M. Attal a plaidé pour des mesures « simples, concrètes, de bon sens » en listant certaines d’entre elles : « Se lever dès qu’un professeur rentre dans la classe, faire participer l’ensemble des élèves dès le plus jeune âge aux tâches communes au sein de leur établissement scolaire. » Le chef du gouvernement souhaite aussi que les parents des élèves « signent avec les établissements scolaires à chaque rentrée un contrat qui rappellera les droits et obligations de chacun ». Ce contrat « pourra ouvrir à des sanctions » contre les parents « en cas de dérive de leur enfant, en cas de défaut manifeste d’assiduité, en cas de non participation des parents à l’éducation de leurs enfants », a-t-il promis.

A l’encontre des élèves qui « défient l’autorité, dégradent ou menacent », M. Attal estime que « cela ne doit jamais rester sans conséquences ». Il s’est ainsi dit « favorable » à ce que pour ceux qui « perturbent le plus gravement » les cours « se voient sanctionner sur leur brevet, leur Bac et que des mentions soient apposées sur leur dossier Parcoursup ».

« Isolement » et « individualisme »

« Que voit-on aujourd’hui ? L’autorité et la règle sont trop souvent défiées par certains jeunes », a-t-il fustigé dès le début de son discours, avant d’ajouter : « Cela nous rappelle ce sentiment qu’une partie de nos adolescents glisse lâchement dans une forme d’isolement, d’individualisme et parfois même vers le pire, vers une forme de violence déchaînée, morbide, sans règles. » « Comment expliquer ce glissement d’une partie de notre jeunesse ? Comment accepter qu’on s’en prenne à un proviseur, à un jeune garçon parce qu’il parle avec une fille ? (…) Comment accepter qu’on touche, on salisse, qu’on s’en prenne à ce qu’il y a de plus sacré en République ? », a-t-il interrogé depuis Viry-Châtillon.

Dénonçant une « spirale d’affaiblissement de l’autorité » et un « déferlement de violence », M. Attal a constaté qu’on « fait rarement grève contre l’incivilité. On ne fait pas souvent de grandes manifs pour l’autorité à l’école, on ne fait pas de mouvement social contre la violence ». « Et pourtant les Français ne supportent pas, ou plutôt ne supportent plus qu’on puisse s’affranchir de la règle commune », a-t-il poursuivi.

M. Attal a estimé qu’il faut « veiller à la question des écrans et de l’addiction aux écrans, aux réseaux sociaux aussi ». M. Attal a notamment affiché une nouvelle fois son ambition de « réguler l’usage des écrans » en souhaitant faire appliquer la proposition de loi portée par le président du groupe Horizons à l’Assemblée, Laurent Marcangeli, de fixer la majorité numérique à quinze ans. Il souhaite aussi la reprise au Parlement d’un texte porté par les députées Renaissance Annie Genevard et LR Antoine Vermorel, visant à « interdire l’usage des écrans en crèche ».

Durant son discours le premier ministre a également dénoncé « l’entrisme d’idéologies contraires à la République » qui « nous met à l’épreuve », évoquant notamment le « racisme islamiste qui va croissant et contre lequel nous devons lutter sans relâche ». « Il n’est pas question que l’idéologie religieuse vienne contester la loi dans les quartiers. Pas question que de jeunes filles ne soient pas libres de s’y promener sans voile si elles le souhaitent, qu’un jeune garçon ne puisse pas manger ce qu’il souhaite quand il le souhaite », a-t-il appelé.

Le premier ministre a ensuite évoqué les opérations anti-drogues, baptisées « place nette XXL » par le gouvernement, estimant que « lutter contre la dérive d’une partie de notre jeunesse, c’est lutter contre le trafic de drogue ». « Près de 8 500 personnes ont été interpellées. Plus de 13,5 millions d’euros ont été saisis, ainsi que 3,7 tonnes de cannabis », a-t-il précisé.

Le Monde avec AFP