Plongeons au cœur d’une réalité bien souvent méconnue : les data centers, ces gigantesques infrastructures numériques, ont un appétit insatiable en eau. Comment cette soif inattendue impacte-t-elle notre environnement ? Découvrons ensemble les enjeux cruciaux de cette consommation intensive et ses répercussions alarmantes.
Les data centers, ces « usines du numérique » qui stockent et traitent nos données informatiques, sont devenus un élément incontournable de notre société connectée. Cependant, leur fonctionnement nécessite une quantité considérable d’eau pour refroidir les équipements informatiques et éviter toute surchauffe. Cette demande en eau croissante soulève des questions quant à l’impact environnemental de ces infrastructures numériques et à la pression supplémentaire qu’elles exercent sur une ressource vitale.
Des prélèvements massifs en eau
Une étude menée par l’université de Californie à Riverside révèle que les data centers pourraient consommer entre 4,2 et 6,6 milliards de mètres cubes d’eau d’ici à 2027, soit l’équivalent de la moitié de la consommation annuelle d’eau du Royaume-Uni. Cette demande en eau s’est accrue avec le développement de l’intelligence artificielle et la nécessité de traiter des modèles de langage de plus en plus sophistiqués, nécessitant une quantité toujours croissante de données.
Certains pays et régions, tels que les États-Unis et l’Europe, commencent à prendre conscience de ces enjeux liés à la consommation d’eau des data centers. Des conflits autour de l’utilisation de l’eau commencent à émerger, comme en témoigne l’action en justice intentée par des habitants de la ville de West Des Moines contre OpenAI, accusant l’entreprise d’avoir consommé 6% de l’eau de la localité pendant la phase de finalisation d’un modèle d’intelligence artificielle avant son lancement.
Des géants du numérique pointés du doigt
Les grandes entreprises technologiques sont en première ligne de cette problématique. Google et Microsoft ont ainsi fait état d’une augmentation significative de leur consommation d’eau dans leurs rapports environnementaux respectifs, en grande partie due au développement de leurs modèles de langage. En 2022, Microsoft aurait utilisé l’équivalent de 2 500 piscines olympiques pour refroidir ses data centers.
Face à cette situation, il devient urgent pour les entreprises du numérique de trouver des solutions pour réduire leur consommation d’eau. Différentes méthodes de refroidissement des data centers existent, mais elles ne sont pas toutes aussi respectueuses de l’environnement.
La méthode adiabatique : efficace mais gourmande en eau
La méthode adiabatique est la plus couramment utilisée pour le refroidissement des data centers. Elle fonctionne par évaporation de l’eau, où celle-ci s’évapore dans un flux d’air et passe d’un état liquide à un état gazeux, permettant ainsi de refroidir efficacement les équipements. Cependant, cette technique est très demandeuse en eau.
Une alternative plus économe en eau est la méthode tubulaire, qui utilise un circuit fermé pour le refroidissement. Cette méthode permet de réutiliser l’eau de refroidissement, réduisant ainsi considérablement la consommation d’eau. Toutefois, cette méthode est plus coûteuse à mettre en place.
La réutilisation des eaux chauffées
Une autre piste explorée par certaines entreprises consiste à réutiliser les eaux chauffées issues du refroidissement des data centers. En effet, l’eau utilisée pour le refroidissement a une température avoisinant les 60°C une fois qu’elle a rempli sa fonction. Cette eau peut alors être valorisée en la redistribuant à des industriels, des piscines municipales ou des systèmes de chauffage urbain. Cette approche est particulièrement répandue dans les pays nordiques.
En région parisienne, par exemple, la réutilisation des eaux chauffées commence à se développer. Sur le plateau de Saclay, où l’on compte de nombreux data centers, ces eaux sont récupérées et utilisées pour alimenter les réseaux de chauffage urbain, contribuant ainsi à une utilisation plus efficace de cette ressource précieuse.
La consommation d’eau des data centers est un enjeu environnemental majeur. Les avancées technologiques et le développement de l’intelligence artificielle ont exacerbé ce besoin insatiable en eau. Il est donc impératif pour les entreprises du numérique de trouver des solutions pour réduire leur consommation d’eau, en privilégiant des méthodes de refroidissement plus respectueuses de l’environnement et en explorant de nouvelles pistes de valorisation des eaux chaudes. C’est seulement en agissant rapidement et de manière concertée que nous pourrons préserver cette ressource vitale tout en continuant à bénéficier des services indispensables des data centers.