Mediapart refuse de recevoir de l’argent de Google pour les droits voisins

Mediapart renonce à toucher la rémunération des droits voisins de Google

Le site d’investigation Mediapart a récemment pris une décision inédite en annonçant qu’il renonçait à toucher la rémunération des droits voisins accordée par Google. Cette rémunération aurait dû être versée en mars 2024, en contrepartie de l’utilisation par Google des articles et des informations exclusives de Mediapart sur son moteur de recherche. Cependant, en raison du manque de transparence de Google, Mediapart a décidé de stopper le processus de paiement de cette somme.
La question des droits voisins, qui concerne la rémunération des contenus des médias réutilisés sur internet par les géants de la technologie, est un sujet épineux depuis plusieurs années. En mars, l’Autorité française de la concurrence a sanctionné Google d’une amende de 250 millions d’euros pour non-respect de ses engagements envers les éditeurs de presse concernant les droits voisins. Elle a souligné que Google n’avait pas négocié de « bonne foi sur la base de critères transparents » concernant la rémunération des éditeurs de presse.

Une demande de transparence non satisfaite

Bien que Mediapart considère que le principe de la compensation financière prévue par les droits voisins soit juste, le site a décidé de renoncer à cette rémunération en raison du manque de transparence de Google concernant le contrat signé et ses modalités d’application. Dans un article publié sur le site, Carine Fouteau, présidente et directrice de la publication de Mediapart, explique que la condition incontournable pour le journal était d’obtenir une transparence totale sur le contrat et ses modalités.

Des négociations en cours avec d’autres plateformes

Mediapart n’est pas le seul média à entamer des négociations avec les géants de la technologie concernant les droits voisins. Des discussions sont en cours avec des plateformes telles que Facebook, Microsoft, X et LinkedIn. De plus, l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle pose à nouveau la question de l’utilisation des articles de presse par ces plateformes. Mediapart espère donc une mobilisation des autres acteurs du secteur pour défendre les droits voisins.

Des attentes envers les élus et une loi renforcée

En plus de ces actions auprès des géants de la technologie, Mediapart attend aussi des élus qu’ils complètent la loi de 2019 qui a transposé la directive européenne sur les droits voisins. Le site demande que le refus du secret concernant les contrats soit inscrit dans la loi, afin d’assurer une transparence totale sur les transactions entre les médias et les plateformes numériques. Mediapart, qui est en bonne santé financière grâce à ses abonnements, souhaite ainsi renforcer la protection des droits des médias dans ce domaine.
En renonçant à toucher la rémunération des droits voisins de Google, Mediapart envoie un message fort quant à la nécessité d’une transparence totale dans les relations entre les médias et les géants de la technologie. L’enjeu de la rémunération des contenus des médias se pose de manière cruciale dans un contexte où les plateformes numériques jouent un rôle de plus en plus important dans la diffusion de l’information.