La fin d’une époque pour les victimes du père Ribes : les vitraux retirés de l’église
Depuis plus d’une semaine, les vitraux du père Ribes sont en train d’être retirés de l’église de Charly et remplacés par de nouvelles œuvres. Un soulagement pour les victimes, qui voient enfin leur souffrance reconnue.
Dans le chœur de l’église de Charly (Rhône), il ne reste aujourd’hui plus qu’un seul vitrail du père Ribes à retirer. Le prêtre, reconnu coupable il y a deux ans par le diocèse de Lyon de viols et agressions sexuelles sur 49 enfants entre 1950 et 1990, avait réalisé de nombreux vitraux, depuis installés dans plusieurs églises du département.
Des vitraux représentant des enfants, pour lesquels certaines de ses victimes avaient posé comme modèle. Si le retrait de ces vitraux n’efface pas les crimes du prêtre, il apaise tout de même une certaine douleur pour les victimes.
« L’œuvre artistique est l’objet du délit »
Pour les victimes, le retrait des vitraux reste tout de même un pas dans la bonne direction. « Une reconnaissance de ce qu’on a vécu, c’est nous reconnaître en tant que victimes », estime Annick au micro de BFM Lyon. « Cet homme, il s’est servi de son art pour nous agresser. »
La parole s’était libérée en 2022 sur les crimes du père Ribes, pendant une réunion publique à Grammont, commune d’origine du prêtre mort en 1994. Des dizaines de vitraux réalisés par le père Ribes ornaient alors les églises du Rhône. Les victimes se sont battues pour demander leur retrait.
Pour la mairie de Charly, il ne faisait aucun doute que les vitraux du prêtre ne devaient plus être exposés. « Le problème, c’est qu’aujourd’hui l’œuvre artistique est l’objet du délit », explique Olivier Auraujo, maire de la commune. « Donc il n’y a pas de sujet là-dessus. »
« À partir du moment où il y a une victime qui peut se reconnaître (dans les vitraux), il n’y a aucune raison de les laisser à la vue de tout le monde », estimait déjà Thierry Ducharne, délégué au patrimoine historique de Charly, le 9 avril dernier, lorsque les vitraux ont commencé à être retirés.
De nouveaux vitraux d’ici septembre
Si un seul reste encore à démonter à ce jour, de nouveaux vitraux, réalisés par la société Vitrail Saint-Jean L’Art-Elier dans le 5e arrondissement de Lyon, prendront la place des anciens.
« Je suis persuadé que les futurs vitraux mettront à nouveau en valeur notre très belle église », affirme le maire de Charly.
Pour le maître d’œuvre, réaliser de nouveaux vitraux pour remplacer ceux du père Ribes permet d’accompagner les victimes du prêtre dans leur guérison. « Ils ne guériront jamais de ce genre de choses, mais si on peut permettre de faire oublier les atrocités », déclare Julien Pitrat, vitrailliste.
Pour les nouveaux panneaux, le vitrailliste a choisi de rester sur de l’abstrait, hormis une colombe bien reconnaissable sur le vitrail central du chœur. Les travaux d’installation des nouveaux vitraux devraient prendre fin en septembre, pour les Journées du patrimoine.
Mais ailleurs dans le Rhône, le chemin reste encore long pour certaines victimes du prêtre. La mairie de Givors refuse toujours d’entendre les demandes des victimes et de retirer les vitraux du père Ribes de son église.